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Publié le 16 novembre 2023

Trophées de l'innovation 2023

Découvrez le palmarès des lauréats des trophées de l'innovation, édition 2023

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A l’occasion de son congrès annuel sur le thème "Le privé solidaire, un modèle pour s’engager durablement", la FEHAP et ses partenaires ont remis le 16 novembre les prix des trophées de l’innovation aux lauréats.

Ce fut, une nouvelle fois, une année riche en candidatures. Sur 78 dossiers, 7 ont été primés. 
Découvrez le dynamisme du privé solidaire, sa créativité et ses capacités à sortir des sentiers battus !

 

Expérimentation de la remise au travail de personnes détenues en situation de handicap

APAJH

 

Problématique identifiée

20 à 40 % des personnes incarcérées sont porteuses d’un handicap. Parmi elles, les personnes titulaires d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) n’ont pas accès au travail en détention, dont le rythme, l’encadrement, l’ergonomie et les cadences ne sont pas adaptés. De fait, cela les prive d’un accompagnement vers la réinsertion sociale et professionnelle, et d’opportunités de vie sociale en détention.

Solution envisagée

Les APAJH 68 ont installé en 2019 les ateliers de l’Ill, une structure expérimentale de type ESAT intégrée à un établissement pénitencier, la Maison centrale d’Ensisheim, pour accompagner dix détenus dans le travail avec des activités de soutien et un accompagnement adapté. Progressivement, l’accompagnement s’est étendu à d’autres domaines de la vie de l’établissement : sport adapté, ateliers d’écriture, prévention-santé et dépistages, tenue de marchés de Noël… L’objectif est d’améliorer les conditions de détention des personnes en situation de handicap (PSH), de permettre un accès au travail à des personnes qui en ont peu eu l’opportunité, et d’accompagner vers la resocialisation et un rythme de vie structuré, participant ainsi à la réinsertion et à la lutte contre la récidive.

Bénéfices

Les bénéfices sont indéniables pour la qualité de vie des PSH détenues, qui vivent mieux leur incarcération

et ont retrouvé un rythme de vie normale. Les situations de violence entre détenus et envers les personnels de surveillance ont diminué. Avec ces premiers résultats encourageants, cette expérimentation pourrait essaimer dans d’autres lieux de privation de liberté.

Le FAB LAB Itinérant

Fondation ILDYS

 

Problématique identifiée

Les aides techniques personnalisées peuvent être l’un des leviers le plus efficients pour lutter contre les limitations d’activités et restrictions de participation des personnes en situation de handicap.

Cependant, aujourd’hui, elles sont insuffisamment déployées pour un impact réel dans leur quotidien. La conception de ces aides techniques personnalisées peut parfois se révéler difficile car elle se confronte au manque de solutions manufacturées et aux limites technologiques de production des ergothérapeutes.

Solution envisagée

Face à ces constats et ces problématiques, la Fondation ILDYS a développé une structuration multimodale : un atelier itinérant « FabLab mobile ». En lien avec les spécificités des services pédiatriques de la Fondation ILDYS, l’atelier met à disposition des personnes en situation de handicap un kit de conception d’aides techniques, un kit facilitant l’expression et le recueil des besoins des utilisateurs, une base de données ouvertes nationale, et un kit de formation à destination des aidants et des professionnels de santé.

Bénéfices

Cette solution globale et multimodale permettra à terme d’accélérer la création des aides techniques, de favoriser l’essaimage et le transfert des aides grâce à une stratégie de conception différenciée : pièces génériques en kit, pièces spécifiques personnalisées en fabrication numérique, collection qualitatives et quantitatives, etc. Cette solution itinérante permettra de rendre davantage accessible l’accès aux aides techniques pour un maximum de personnes en situation de handicap sur le territoire du Finistère.

Une ferme dans mon EHPAD

Résidence du Parc du Château d'Abondant 

Problématique identifiée

La Résidence souhaite renouer avec son identité première, à savoir être un lieu de vie et de partage avec son bassin de population, ouvert sur son environnement local et porteur de valeurs citoyennes. Les personnes âgées ont besoin de se sentir utiles et actives, tout comme la société a besoin de reconnaître la valeur de ses aînés, dans leurs potentialités et non seulement dans leur dépendance. L’EHPAD souhaitait donc développer un projet écocitoyen, créateur d’une communauté prête à s’engager spontanément, valorisant les résidents, etc. À ces ambitions, une préoccupation plus pragmatique également : l’inutilisation de ressources disponibles, à savoir un parc arboré de quatre hectares.

Solution envisagée

L’EHPAD a pris contact avec le Zoo-Refuge de la Tanière (Nogent-le-Phaye) qui a, par le passé, cherché des terrains pour placer ses animaux. Le terrain disponible étant trop éloigné pour que le Zoo-Refuge puisse s’installer, l’EHPAD a proposé que ses professionnels et ses résidents deviennent les soigneurs des animaux accueillis, animaux qui ont tous connus des parcours de vie difficiles. La médiation animale a de réels bénéfices sur les troubles psycho-comportementaux. En lien avec ce qui sera proposé dans le tiers-lieu en cours de construction, ce parc serait ouvert au public, permettrait de monter des projets avec d’autres populations vulnérables (protection judiciaire de la jeunesse, institutions du handicap adulte et enfant, etc.) et proposerait des offres d’engagements bénévoles.

Bénéfices

La ferme aura de nombreux avantages : favoriser la qualité de vie des résidents, alimenter leur sentiment d’utilité à la société, limiter les affects dépressifs et les troubles psycho-comportementaux, diminuer les prescriptions médicales, proposer un lieu d’accueil confortable pour la retraite des animaux du Zoo-Refuge, prévenir la perte d’autonomie des résidents par leur investissement dans le parc, ouvrir l’EHPAD sur son environnement, œuvrer pour des formes d’accompagnement alternatives, etc.

Accords & Désaccords

SESSAD 25 APF France handicap

 

Problématique identifiée

Le handicap d’un enfant accompagné en service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) et vivant au domicile familial affecte également les fratries. Les fratries partagent le quotidien de leur frère ou sœur en situation de handicap. Via les projets personnalisés, plusieurs ont fait remonter leur besoin d’avoir un espace de discussion et d’échanges dédiés aux autres enfants qui peuvent se sentir isolés et mis à l’écart. Ce constat réalisé par les parents est également partagé par les professionnels assurant des séances au domicile. « Le handicap d’un enfant affecte inévitablement ses frères et sœurs, ainsi que la construction et l’évolution des liens entre enfants », écrivent Régine Scelles et Clémence Dayan dans l’ouvrage Fratrie et handicap.

Solution envisagée

Pour répondre à ce constat partagé par toutes les parties concernées, l’établissement a mis en place un séjour de création artistique / lieu de répit destiné aux fratries : « Accords & Désaccords ». En développant plusieurs partenariats (Association JADE, l’agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté BFC, Harmonie Mutuelle, La Banque Populaire, etc.), les frères et sœurs des enfants en situation de handicap accompagnés par le SESSAD bénéficient d’un lieu qui leur est exclusif pour : avoir un temps de répit et un lieu pour faire communauté, s’exprimer grâce à une pratique artistique centrée sur leur parole et leurs ressentis, rencontrer d’autres jeunes dans la même situation et sortir de l’isolement, etc.

Bénéfices

Ce lieu unique – au sein duquel sont proposés des ateliers artistiques – permet à des jeunes, qui ne sont pas habitués à exprimer leurs sentiments d’identifier et de partager leurs besoins et leurs attentes. Ils se reconnaissent dans les mots des uns et des autres et ne craignent plus de faire part de leur souffrance, de leur épuisement et de leur besoin de se ressourcer. Ces séjours favorisent également la création de dynamiques de pair-aidance entre des jeunes souvent isolés.

Le projet a rencontré quelques résistances de la part des professionnels, peu habitués à accompagner ce type de publics. Un véritable travail de pédagogie a été réalisé pour inclure les professionnels à chaque étape du projet, leur permettant d’avoir une vision plus large de leurs missions.

La tête haute

Fondation ARHM

 

Problématique identifiée

Le champ de la santé mentale et les personnes ayant des troubles de santé mentales font encore l’objet d’une grande stigmatisation de la part de la société, couplée à une auto-stigmatisation de la part des personnes elles-mêmes. Cela mène notamment à un défaut ou à un retard de demande d’aide, à une majoration des souffrances et des troubles et à des difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Il est également particulièrement malaisé de travailler sur la déconstruction et le changement de regard sur la santé mentale, une fois ces représentations bien ancrées. Celles-ci se font relativement tôt. Il est donc nécessaire d’intervenir précocement et auprès des enfants, pour leur permettre de mieux connaître la santé mentale, de ne pas avoir honte de demander de l’aide pour eux-mêmes ou un camarade et de mieux accueillir et accepter la différence.

Solution envisagée

Dans le cadre de la mise en œuvre du programme territorial de santé mentale (PTSM) Rhône Métropole de Lyon, la Fondation ARHM développe l’expérimentation « La tête haute », qui se base sur une intervention validée scientifiquement par la Commission Santé Mentale du Canada (CSMC). Le programme comporte deux étapes :

  • Un sommet qui rassemble des petits groupes d’élèves venant de différents établissements scolaires lors d’une journée qui croise expériences de personnes concernées, participation à des activités d’éducation pour la santé et construction de plans d’action qui devront être mis en œuvre directement par les jeunes dans leur établissement. Une équipe responsable encadre ce sommet.
  • Des comités au sein de chaque établissement, appuyés par un membre du personnel et des élèves. Chaque comité a une trousse d’activités fournie pour organiser des activités de sensibilisation et d’éducation pour l’ensemble de l’école (une à deux fois par mois).

Durant l’année scolaire 2023-2024, l’expérimentation se déploiera dans 25 établissements pour renforcer son essaimage régional, idéalement prévu pour 2024-2025.

Bénéfices

Cette expérimentation validée scientifiquement vise à lutter contre la stigmatisation en santé mentale en milieu scolaire. Elle permet de prévenir la formation de représentations négatives sur les troubles psychiques et les personnes qui en souffrent. Elle intègre autant les élèves que les acteurs de la communauté éducative pour développer un regard positif et une meilleure compréhension de la santé mentale. Elle permet également d’aider les personnes concernées à accepter leurs troubles, ne plus en avoir honte et oser demander de l’aide.

ALINEA : Dispositif de veille et d’accompagnement des proches endeuillés par le suicide

Fondation Bon sauveur

 

Problématique identifiée

Le territoire des Côtes-d’Armor (Bretagne) est celui qui comptabilise le plus de suicides en France. Près de 140 suicides ont lieu chaque année. En moyenne, on estime qu’un suicide impacte durablement 14 personnes, et en expose 135. Les besoins des proches concernés peuvent être de plusieurs ordres : parole, échanges entre personnes concernées ou avec des tiers, éclairage sur le phénomène ou sur le deuil, réconfort, etc. Certains proches peuvent avoir besoin d’un accompagnement médical plus spécifique : troubles du sommeil, anxiété, dépression, etc. Ces personnes – qui peuvent être traumatisées par l’évènement – peuvent s’isoler et se retrouver en situation de détresse. Elles se retrouvent elles-mêmes à risque suicidaire à un moment donné.

Solution envisagée

La Fondation Bon Sauveur a développé depuis septembre 2021 le dispositif ALINEA pour répondre aux besoins spécifiques des proches endeuillés par le suicide. Compte tenu du nombre important de personnes concernées, la prévention du suicide est devenue un véritable enjeu de santé publique.

ALINEA accueille les membres d’une même famille, les amis, les collègues de travail… de la personne décédée. Ce dispositif fonctionne sur la base d’un soutien en plusieurs étapes en partenariat avec les forces de l’ordre. Selon l’importance des besoins identifiés, le soutien est adapté et fonctionne sur l’aller vers : information, prévention, visites à domicile, veille téléphonique, consultations individuelles ou familiales, etc.

Bénéfices

ALINEA œuvre pour la prévention du suicide pour limiter son impact et l’apparition des complications psychiques et physiques associées pour les proches. Les actions mises en place permettent également de former les officiers de police judiciaire lorsqu’ils annoncent un suicide. En 2022, 53 fiches alertes ont été réalisées, 89 proches accompagnés par la veille téléphonique, 461 personnes reçues en consultation, etc. La Fondation Bon Sauveur a reçu de nombreuses sollicitations à l’échelle du territoire français pour déployer le dispositif.

EXOTMS : Intégration en vie réelle d’exosquelettes de travail pour prévenir les TMS des soignants

Pôle Saint Hélier

 

 

Problématique identifiée

Les professionnels de santé sont particulièrement à risque face au développement de troubles musculosquelettiques (TMS). Les différents mouvements répétitifs et techniques peuvent avoir un impact délétère sur leur santé physique. Les pathologies qu’ils peuvent développer impactent la qualité de vie des soignants eux-mêmes, et également la vie des services et la qualité de l’accompagnement. Globalement, cela a un impact financier important et non-négligeable pour les établissements et le système de santé. Des solutions existent, comme les exosquelettes de travail, mais la littérature scientifique reste cantonnée pour l’essentiel à des évaluations de laboratoires, et les études d’exposition prolongée en vie réelle sont rares, notamment sur le public des professionnels de santé.

Solution envisagée

Pour répondre à une partie de la problématique, le Pôle Saint-Hélier propose d’implémenter au cœur des soins, et dans la durée, des exosquelettes légers destinés à réduire l’effort lombaire et la pénibilité du travail auprès d’une population d’aidants professionnels. Ce dispositif Harnais de Posture (HAPO) serait déployé dans le service de rééducation et l’EHPAD. L’expérimentation vise à comparer l’usage de l’exosquelette en situation de travail réel et prolongé aux conditions classiques de travail sans exosquelette.

Bénéfices

Une étude pilote pour affiner le protocole a permis de tester le dispositif auprès de six soignants dans les conditions d’expérimentation. Les premiers résultats montrent une tendance nette à la réduction de la perception de l’effort sur la plupart des tâches et un bon niveau d’acceptabilité et d’appropriation du dispositif, avant et après le test par les professionnels. À terme, l’expérimentation et son évaluation visent à objectiver l’intérêt des exosquelettes légers pour limiter l’apparition des TMS chez les soignants.